Appels descendants et ascendants : apprenez à mieux les connaître pour pouvoir choisir l’appel le plus adapté à notre idée de projet.

De la « liste de courses » au projet : approche descendante et ascendante dans les appels d’offres européens

La réussite d’un projet commence par le choix de l’appel à propositions. Le point de départ est certainement de se tenir au courant des opportunités de financement en suivant les mises à jour sur les sites web des différents programmes de l’UE et d’autres portails dédiés, comme notre portail d’appels à propositions, qui est mis à jour mensuellement.

Mais savoir quels appels sont disponibles n’est qu’une première étape : l’étape suivante consiste à comprendre, parmi les nombreuses possibilités, celles qui correspondent le mieux à notre idée de projet. Dans cet article, nous examinerons les approches descendante et ascendante des appels à propositions européens, la manière dont elles déterminent le degré de flexibilité d’ un appel, ainsi que les stratégies de développement de projets conformes à chacune des deux approches.

Si l’on compare un appel à l’action à une« liste de courses« , c’est comme si l’on nous demandait d’acheter « du lait, du pain et des œufs », avec la liberté de choisir la marque de lait ou le type de pain spécifique ou, pourquoi pas, de remplacer le pain par des biscuits, tant que l’objectif du « petit-déjeuner » est atteint ; ou si l’on nous demandait d’acheter un litre de lait d’une marque spécifique, deux cents grammes de pain de seigle et six œufs biologiques. Dans un cas (indications générales), nous sommes dans une approche bottom-up, c’est-à-dire ascendante ; dans l’autre (liste plus détaillée), nous sommes dans un mode top-down, c’est-à-dire descendant.

Il n’y a pas de méthode meilleure que l’autre, car chaque liste de courses, tout comme les approches descendante et ascendante, répond à des besoins et à des méthodes différents : dans un cas, dans la liste détaillée, on commence par la vue d’ensemble, par exemple le menu de la semaine, et on définit ensuite les ingrédients individuels en amont, tandis que dans l’autre, l’objectif principal, le petit-déjeuner, est principalement pris en compte, ce qui laisse plus de choix et la possibilité de substituer un aliment par un autre similaire.

Si nous considérons la personne qui a rédigé la liste de courses comme l’organisme de financement et la personne qui fait les courses comme l’organisation ou l’organisme qui présente un projet, nous pouvons facilement deviner les conséquences, les limites et les aspects positifs de l’adoption d’une approche plutôt que d’une autre.

Avant d’aborder chacune des deux approches, il est important de rappeler que si les politiques, programmes et appels à propositions européens font souvent référence à l’approche descendante et à l’approche ascendante, il n’existe pas de définition officielle communément adoptée. En effet, selon le programme et le domaine d’action (recherche, développement local, éducation, etc.), différents aspects et nuances sont mis en avant.

C’est le cas, par exemple, de la définition des deux approches dans le guide Horizon Europe de l’APRE, où les caractéristiques top-down et bottom-up sont déclinées en fonction des spécificités du secteur de la recherche et de l’innovation. L’approche ascendante est également appelée « curiosity-driven », se référant principalement à la recherche fondamentale et exploratoire.

Dans le cadre des Fonds structurels(FSE+ et FEDER), l’approche ascendante est définie (plutôt qu’en termes d’innovation) en termes de « développement local participatif ». Défini dans le règlement (UE) 2021/1060 (articles 28 et 31-34), il s’agit d’une méthode de planification, de programmation et de mise en œuvre dans laquelle les priorités, les objectifs et les actions à financer sont identifiés, proposés et définis de manière substantielle par les acteurs locaux et régionaux (administrations, partenaires économiques et sociaux, société civile).

En gardant cette prémisse importante à l’esprit, nous allons donc approfondir chacune des deux approches, en fournissant une définition de départ, en identifiant les aspects positifs et les aspects plus difficiles, en donnant quelques conseils et en présentant des exemples d’appels européens à titre de référence.

L’approche descendante

Comme nous l’avons vu, l’approche descendante commence par une vue d’ensemble, « le menu », et se poursuit de haut en bas avec un niveau de détail croissant. Cela signifie que dans un tel appel, les éléments suivants sont identifiés :

Aspects positifs et limites de l’approche descendante

L’approche descendante est présente dans la plupart des appels d’offres européens. Elle présente un certain nombre d’avantages :

Cette approche présente également des limites :

Approche d’un appel d’offres descendant

L’approche d’un appel descendant implique une analyse minutieuse de l’adhésion de l’idée du projet aux exigences de l’appel. Les questions suivantes doivent être posées :

Un projet se prête particulièrement bien à un appel descendant si

L’approche ascendante

Dans l’approche ascendante, en revanche, l’objectif global de l’appel est très clair, tandis qu’une plus grande marge de manœuvre est laissée pour définir la manière dont l’objectif doit être atteint. Cela signifie qu’un tel appel :

Aspects positifs et limites de l’approche ascendante

L’approche ascendante est moins présente dans les appels à propositions européens, mais elle est utilisée dans certains domaines, tels que l’innovation fondamentale, la recherche exploratoire et la participation citoyenne, où elle présente des avantages importants :

Même l’approche ascendante présente des limites et des défis :

Approche d’un appel d’offres ascendant

L’approche d’un appel ascendant peut sembler plus simple dans un premier temps. La moindre présence de contraintes est en effet compensée par l’importance accordée à l’innovation et surtout à la démonstration en temps utile de la manière dont le projet peut réellement contribuer à résoudre le « problème » posé par l’appel. Les questions suivantes doivent être posées :

Un projet se prête particulièrement bien à un appel ascendant si

Dans l’approche ascendante, l’interdisciplinarité et l’intersectorialité sont souvent récompensées, c’est-à-dire la capacité d’un projet à travailler en synergie dans plusieurs domaines d’action pour résoudre un problème commun.

Exemples d’approches descendantes et ascendantes dans les programmes européens

Il n’est pas toujours facile d’identifier des « cas typiques » d’approches descendantes et ascendantes au sein des programmes européens : il s’agit plus souvent d’une « échelle de nuances ». En voici quelques exemples.

L’UE nouvelle génération, déclinée en Italie dans un plan national de relance et de résilience, prévoit 7 missions dans des domaines thématiques spécifiques, avec la définition d’objectifs, c’est-à-dire de résultats attendus des interventions, quantifiés à l’aide d’indicateurs mesurables et devant être atteints dans un délai donné. A cela s’ajoute un système d’indicateurs européens communs, qui s’appliquent à tous les Etats membres et sont constamment mis à jour. Les appels à propositions qui en résultent sont généralement très spécifiques et suivent une approche descendante.

Dans des contextes comme Erasmus+ (dont le nouveau guide pour l’année 2026 a été récemment publié), on trouve une approche hybride : le cadre général est descendant, avec des objectifs, des priorités et des aspects transversaux clairement définis (nous en avons parlé ici). Certaines actions, en particulier l’action clé 1, comprennent toutefois des exemples d’approches ascendantes. C’est le cas de l’action « Activités de participation des jeunes » (KA154), qui place les jeunes au centre du processus décisionnel, dans le but de soutenir des projets visant à renforcer la participation des jeunes à la vie démocratique aux niveaux local, régional, national et européen. Dans le cadre de cet appel, les projets eux-mêmes naissent des idées, des initiatives et du dialogue des jeunes. Les animateurs de jeunesse et les organisations de jeunesse jouent le rôle de facilitateurs, mais le moteur du projet, ce sont les participants. Par conséquent, cette action est ouverte non seulement aux organisations, mais aussi aux groupes informels.

Un autre exemple d’approche hybride peut être trouvé dans Europe Créative, le programme phare de l’UE pour le financement de projets dans le secteur des arts et de la culture. Dans les appels à projets de coopération européenne, deux objectifs principaux liés à la conception et à la création artistique sont définis, un objectif de création et de circulation transnationale et un objectif d’innovation, mais une grande liberté est laissée quant au contenu et aux thèmes abordés par les projets. Ces appels sont également organisés à petite, moyenne et grande échelle, avec des exigences de participation croissantes (nombre de partenaires, nombre de pays européens impliqués, taille du budget), afin de permettre aux organisations plus petites et moins structurées de participer (vous pouvez en savoir plus sur la capacité organisationnelle et l’accès aux fonds européens ici et ici).

Il est possible de trouver des appels très fortement orientés vers l’approche ascendante dans les programmes de recherche et d’innovation tels que Horizon Europe. C’est le cas de l’EIC Pathfinder Open, un appel Horizon Europe du Conseil européen de l’innovation (EIC), le principal organe de l’UE chargé d’identifier, de développer et de mettre à l’échelle les technologies et les innovations. L’appel offre un financement à des équipes pluridisciplinaires pour des travaux de recherche ayant le potentiel de développer des technologies de rupture. Le plan de travail 2026 de l’EIC, qui contient des informations sur tous les appels financés et les échéances pour 2026, a été récemment publié et présenté publiquement lors de l’Infoday du 13 novembre 2025 (un enregistrement de l’événement est disponible ici ).

Nous avons examiné les approches descendantes et ascendantes, et nous avons vu comment elles sont toutes deux cruciales dans les appels à propositions européens. La clé du succès, cependant, est la même pour les deux approches : évaluer qu’il y a un véritable alignement entre notre idée et l’objectif de l’organisme de financement. C’est la seule véritable garantie pour éviter de rentrer chez soi… les mains vides.